Le bon docteur Vidart doit se retourner dans sa tombe. 175 ans après la création de sa célèbre station thermale, voilà que le maire, Scatto-du-Lac, est aujourd’hui infoutu de trouver un repreneur pour les thermes, installés à deux pas de « sa » mairie. Il est loin, le bon temps des bains maures…
Au fil de la Divonne, tout va décidément à vau-l’eau. En travaux, le casino tenu par les héritiers d’Isidore Partouche. « On croirait circuler dans l’épave du Titanic », pouvait-on lire dans le DauBé du 13 août 2023. A Divonne, l’orchestre jouera jusqu’à la fin…
Actuellement abrités sous une tente de fortune, comme on dit chez les pauvres, les jeux reviendront certes dans le bâtiment richement restauré. Mais les clients ? Voilà des lustres qu’ils ne se bousculent plus au portillon. Naguère « premier casino de France », Divonne ne figurait déjà plus, en 2018, parmi les dix premiers. Et ça risque bien de ne pas s’améliorer. Il est loin, le temps où les cheikhs arabes, en villégiature de luxe dans la Genève calviniste interdite de jeux d’argent, confiaient leurs Rolls Royce et autres Mercedes aux portiers endimanchés en quête de quelques piécettes. Les jeux sont désormais autorisés en Suisse et les nababs moyen-orientaux, qui ne viennent d’ailleurs plus guère à Genève, ne viennent plus du tout à Divonne. Sic transit gloria…
D’accord, il reste le golf mais, avec les restrictions d’eau imposés par les sécheresses à répétition, le gazon risque bien de virer progressivement au jaune, avant de passer au rouge.
Ne parlons pas du champ de courses. Même les chevaux de retour refusent désormais d’y poser le sabot. Idem pour le lac de Tonio, qui n’attire plus les foules. Quant à la piscine, inutile de vous faire un dessin.
Reste le château, qui finira bien un jour par renaître de ses cendres. Avec l’accord des La Forest-Divonne, propriétaires des murs, Mytho-du-Lac, pardon, Scatto-du-Lac y voit déjà un hôtel cinq étoiles. D’accord, mais pour qui ? Les clients des thermes en déshérence ? Ceux du casino sous toile ? Ceux des courses hippiques ? Les champions de la course au large, venus faire quelques ronds dans l’eau du lac à Tonio ? Ou les footballeurs de moyenne gamme s’entraînant parfois au stade ?
D’ailleurs, privée de ses thermes, Divonne-les-Bains pourrait bien, un jour prochain, ne plus s’appeler que Divonne puisque l’adjonction « les-bains » est réservée aux stations thermales. Plus de thermes, plus de bains et plus de casino puisque, là encore, l’ouverture d’un casino est réservée aux stations thermales. Et ce n’est pas fini : adieu l’Office de tourisme, qui n’a dû qu’au statut thermal de ne pas être récupéré par celui du Pays de Gex, avec le succès que l’on sait.
Bref, Divonne-les-Bains, ne serait-il pas temps d’y mettre un therme ?