Genevois et frontaliers, s’ils disposent encore de revenus bien supérieus aux simples pékins gessiens, commencent à trouver dispendieux les restos de Ferney, Saint-Genis et, bien sûr, Divonne. Du coup, ils n’hésitent plus à sauter la frontière pour aller se régaler de mets introuvables en Tiocanie. Lucullus les a suivis à la trace.
Le lieu n’est pas très facile à trouver, même s’il se situe à moins d’un kilomètre de la douane, sur la commune de Meyrin. Le quartier est banal. Installé à côté d’un supermarché borgne, le restaurant Da Ettore tente de se donner des couleurs à coups de lampions et d’halogènes.
Si l’adresse ne nous avait pas été amicalement soufflée par un amateur de cuisine transalpine, nul doute que nous aurions passé notre chemin sans même détourner le regard. C’eût été bien dommage.
Accueil avenant, noria de serveurs latins filant entre les tables de deux salles bondées sans oublier d’échanger en italien ou en français quelques fines plaisanteries, nous voici installés, presque à l’étroit, entre une longue lignée de banqueteurs familiaux et une paire de jeunes mecs comparant leurs pizzas et leurs biscotos. Nous, nous sommes venus pour goûter à la vraie cuisine italienne.
Pour patienter, un pot de Monte-Pulciano très honnête et une salade assez mutine nappée de larges tranches de bouf cru, de fruits de mer et de ce fromage pâle qui met si bien en évidence une simple huile d’olive teintée de capres et de basilic frais. Service rapide, aimable et efficace malgré l’affluence.
Nous voici arrivés aux choses sérieuses. On nous présente les plats, volumineux, que le serveur devra déposer à quelques mètres de nous, faute de place, et dont il nous ravitaillera à plusieurs reprises. Pour Luculla, des scaloppine au citron, sauce tomatée, onctueuse et acidulée à la fois. La taille de la portion nous fait presque regretter d’avoir pris une entrée. Je vole délicatement un morceau d’escalope emmitouflé de pâtes au jus. Délicieux.
Puis je me consacre à mon propre plat. J’ai pris un risque en commandant un fritto misto. D’abord parce que Meyrin n’est pas – encore – au bord de la mer; ensuite parce que, même dans les ports de Méditerranée, on vous sert trop souvent – et pas bon marché – un fritto misto étouffé de pâte ou découlinant d’huile plus ou moins fraîche, occultant heureusement le goût de réchauffé ou de décongelé de quelques poissons qui n’ont peut-être jamais vu la mer.
Ici, la variété est limitée (rondelles et tentacules de calamars, crevettes et langoustines) mais la pâte est merveilleusement lègère et croustillante, la cuisson est juste et la portion amplement suffisante pour faire oublier l’absence de contorni. Ce n’est certes pas de la très grande cuisine mais ce sont d’agréables mets de brasserie italienne, sans esbroufe mais avec infiniment de gentillesse. Rien que pour cela, Da Ettore mérite le détour.
Le soir, compter une cinquantaine de francs (40 euros) par personne. A midi, menus du jour et pizzas dont nos voisins, manifestement habitués du lieu, nous ont dit le plus grand bien.
Da Ettore
Champs-Fréchets 13
1217 Meyrin
Tél: 022.7827788 ou 7820737
Fermé le dimanche