Marie-Paule pique une crise

 Apres lamour FC 48

Depuis que la crise s’est installée dans le Pays de Gex, Marie-Paule tire la langue. Même les hommes politiques se sont mis à remplir un bas de laine, au cas où. Malgré son splendide tralala et sa camionnette encore presque neuve, Marie-Paule va devoir se recycler. Sa dernière lettre nous fait peine au coeur, même si, dans la difficulté, elle pense encore aux autres.

Mon Candide,

J’t’avais un peu perdu c’printemps, vu qu’tu f’sais d’l’hélico chez les Ruskoffs, et j’ai dû m’démerder tout’seule et à c’t’époque c’est pas facile. Aucun vote, les zélus chez leur vieille, l’routier pas sympa, j’ai dû don­ner dans l’travau public, m’taper les chan­tiers, c’qu’arrange pas la fourgonnette.

Même que j’l’ai embourbée vers Collonges où y z’ont fait un lagunage qu’est pas trop d’niveau. Un gros sur un engin mar­qué Deux-Villes y msort de là, coince son bull et m’saute dans l’godet en rétro. L’appelle son maire qu’arrive en Marchand, du coup j’ai fait deux passes.

J’ai cherché vers Saint-Jean et environs où y’a des occases, et j’tombe sur une pan­carte « Grande ville de Thoiry, avenues, rocades, TGV, monnaie, entreprise se Nabab-Fa ». J’ouv’ la guitoune du chantier et j’en vois trois qui jouent au poker menteur :

– J’peux plus conduire ma voiture, passe-moi un rouleau compresseur.

– J’te fais assurer ma grue si tu me r’files un égout au noir.

– Si tu fous les cercueils des gentianes dans l’béton, à toi l’goudronnage d’la cour d’l’école.

Mon cul a pris peur et je m’suis tirée, cap sur la décharge d’Chauvilly. L’gros monmon y pue autant qu’sa gadoue. Ses 200 balles m’ont même pas permis de m’payer un masqu’à’gaz.

En r’montant su’ Bell’garde, m’voilà prise dans un convoi d’camions qu’emmer­dent. Famy par-ci, Famy par-là, la route est à eux. L’patron m’accoste, m’emmène der­rièr’ l’chantier d’Migros, paie recta, pleure un coup et r’part illico concasser l’Fort l’Ecluse pour s’consoler.

C’est tout pour c’t’été, mon Candide, on se r’verra vers la Noël si j’ai pas pris une fluxion avant, j’t’apporterai du flouze mais j’t’en prie, arrêt’ tes excentricités dangereuses.

Mimis de ta p’tite Marie-Paule

 

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