A Ferney, Lucullus annonçait récemment la prochaine réouverture de l’Imprévu et en frissonnait d’aise. Après de nombreuses vicissitudes, l’établissement de la rue de Meyrin avait effectivement fermé ses portes depuis plusieurs mois, ne laissant guère de souvenirs impérissables. L’accueil est assuré avec tact et bonhomie par Antonio Batista. Jacques Garcin, son associé, fait de fréquentes apparitions, en particuliers les jours où l’Auberge de Cessy est fermée.
Le lieu dispose de deux entrées, l’une sur la rue de Meyrin (stationnement difficile) et l’autre, à l’arrière, sur le parking du Centre, avec de nombreuses places réservées au restaurant. C’est de ce côté-là que renaîtra, dès les premiers beaux jours, la belle terrasse qui, même au temps d’une cuisine plus médiocre, désemplissait rarement.
Autre particularité : le local consiste en un long boyau, la salle à manger étant encore rétrécie dans sa largeur par la présence d’un couloir parallèle. Il a fallu aux nouveaux venus beaucoup d’inventivité pour pallier dette difficulté. Le long volume a été divisé en trois espaces contigus, ouverts mais différenciés : un ensemble de jolies tables modernes côté rue de Meyrin ; le bar et quelques tables au centre ; et enfin l’immense table d’hôtes rouge et rehaussée, si grande que le centre est occupé par un aquarium où évoluent quelques poissons bariolés, au pourtour de laquelle on s’installe sur une quinzaine de jolis tabourets, plus confortables à l’usage qu’à l’allure.
C’est ici, sans doute, que se jouera la partie la plus difficile et la plus prometteuse à la fois. Il faudra que les convives s’installant à cet endroit le fassent, non faute de place ailleurs, mais par choix. Choix de manger seul, éventuellement. Choix, plutôt, de partager le repas avec avec quelque ami et, si affinités, avec d’autre hôtes attablés ou à venir. Gessiens et Genevois étant plutôt du genre timide, Antonio et Jérôme devront, en tout cas au début, inciter habitués et novices à s’installer là pour déguster, parler ou plus si affinités.
Reste que, quel que soit le décor, rien ne peut réussir aujourd’hui sans une cuisine digne de ce nom, à des prix accessibles par temps de crise. Là encore, l’Imprévu semble avoir misé juste. A midi, un menu unique à 15€, différent chaque jour, avec entrée, plat est dessert. Nous nous y sommes déjà rendus à deux reprises. Par exemple, en entrée, nous avons apprécié une surprenante panna cotta de saumon ou un œuf mollet à la bourguignonne, l’un et l’autre escortés d’une fine et agréable saladine ; en plat principal, une cuisse de canard confite et légère, accompagnée d’une terrine de légumes et de polenta crémée, ou un suprême de poulet escorté de chou rouge et de pommes dauphines maison ; en dessert, une tarte fine aux pommes rafraîchie d’un sorbet aux fruits, ou un nougat glacé maison.
Le soir, la formule est à 20€ avec une entrée, surprise du chef, et un plat à choisir parmi une douzaine de propositions plutôt alléchantes, cuisine nouvelle mais par trop, saveurs traditionnelles ou exotiques. A vérifier à l’usage mais plutôt encourageant après dégustation, hier soir, d’un excellent tartare sur ardoise.
A noter que la cuisine est ouverte jusqu’à 22h30 et même un peu plus tard en fin de semaine et que, dans un petit salon voisin, on peut prendre un verre, accompagné d’un sandwich ébouriffant facturé à 5€, jusqu’à la fermeture. Puisque nos parlons vins, précisons que le choix, sans être immense, comporte de bons crus de France (Gaillac, Pic-St-Loup…) mais aussi de Navarre et du Portugal, à des prix très convenables (à partir de 2€ le verre).
Bref, un lieu agréable qui a déjà commencé à tenir ses promesses. Lucullus se réjouit d’y retrouver à point d’heure quelques amis gastronomes pour parler – en bien, cela va de soi – de la concurrence.
Lucullus, janvier 2009
L’Imprévu
22 rue de Meyrin
01210 Ferney-Voltaire
Tél. 0450282613
Midi et soir
Cuisine jusqu’à 22h30
Fermé le dimanche