La nouvelle salle de réunion de la Communauté de Communes, à Gex, est à l’image de l’institution elle-même: obscure. Quant au public, il est installé de telle manière qu’il puisse certes, tant bien que mal, apercevoir la Sainte-Cène des président et vice-présidents, mais en aucun cas les élus lambda. Ce qui empêche évidemment d’observer leurs votes. Et vive la démocratie.
Démocratie ! Presque un gros mot à la CCPG. Ce jeudi soir (26.2), l’assemblée a participé, de son plein gré, à une authentique panalonnade dont la morale (?) peut se résumer ainsi: quand on s’oppose au chef, il faut se préparer à numéroter ses abattis.
Hubert Bertrand, que les lecteurs de Candide connaissent mieux sous le joli sobriquet d’Empoudré, présentait un projet (Les Rives de l’Allondon », mûri de longue date et connu de la CCPG d’aussi longue date, pour la création d’une nouvelle zone commerciale (réservée au mobilier et aux arts de la maison) dans le prolongement de l’actuelle zone commerciale de St Genis.
On peut et on doit se poser des questions sur l’utilité et l’avenir d’une telle zone, sur ses retombées économiques, environnementales, etc. L’Empoudré y a répondu longuement, avec arguments et conviction. A l’issue du débat, la CCPG devait donner un avis, à transmettre aux instances départementales qui, finalement, trancheront dans quelques semaines.
Las! Les jeux étaient faits avant même le premier coup de bonneteau. En effet, trois communes (Cessy, Ornex, Segny) ont tout récemment sorti de leur chapeau un autre projet, élargissant à l’envi la zone où se trouve en ce moment le magasin Carrefour. Leur projet n’est pas prêt, de loin s’en faut.
Or, voilà que, quelques instants avant le vote sur le projet de St Genis, le maire de Cessy (Bouvier, qui nous avait habitués à mieux dans son combat contre Jules Emery), soumet une motion demandant la création d’un Schéma commercial du Pays de Gex. De fait, un tel Schéma existe mais, pour contenter tout le monde et personne, le président Blanc lui-même lui a donné, au fil des années passées, le statut habituel de peau de chagrin. Bouvier sort donc sa motion miracle. Blanc décide aussitôt que cette motion doit être examinée AVANT le vote du projet de St Genis. Brouhaha. Confusion. Et finalement, on passe d’abord au vote sur St Genis. Au suffrage secret.
Votent pour ceux qui croient à la pertinence du projet et ne lient pas son avenir à l’hypothétique renaissance d’un non mois hypothétique schéma directeur. Votent contre ceux qui y sont opposés, à commencer par les représentants des trois communes concurrentes, sans oublier les « politiques » (Blanc, Paoli, etc.) qui trouvent là – ils en sont d’ailleurs les premiers artisans – l’occasion de régler son compte à ce « gauchiste » d’Empoudré (il est en effet radical de gauche mais, pour un UMP, ça veut quasiment dire krypto-marxiste…).
Résultat du vote: 25 pour et 27 contre. C’est donc sans le soutien de la CCPG que Bertrand présentera son projet à la commission départementale. La morale voudrait qu’il l’emporte. Mais y a-t-il une morale en politique ?