Imaginez un instant que vous disposiez d’une modeste maison à la campagne, avec une vieille grange au fond du parc. Un beau jour, une bande de margoulins vous propose une somme, représentant lus des trois quatrs de votre budget familial annuel, simplement pour pouvoir organiser des soirées poker dans votre grange. Que faites-vous?
Vous acceptez, bien sûr. C’est aussi ce que fit en 1954 le pater familias local, Marcel, en accueillant dans sa grange un casino. Pendant plus d’un demi siècle, Divonne allait pouvoir toiser les familles voisines, s’offrir un député puis un deuxième, un lac et, plus récemment, une esplanade sur le lac.
Hélas, le poker autour d’une table, ça a eu payé mais ça ne paie plus. Ou en tout cas ça paie moins. La famille divonnaise va bientôt devoir vivre comme ses voisines, c’est-à-dire chichement. Sans aller jusqu’à faire les poubelles, elle va devoir apprendre à compter ses petits sous, à n’acheter que le strict nécessaire, à ne plus emprunter à tire-larigot.
Sera-t-elle capable, d’un coup de baguette magique, de revenir aux années cinquante? Oui, sans doute. La meilleure preuve? Pour ramasser les ordures, elle s’apprête à acquérir une charrette et un vieux canasson. L’an zéro n’est plus très loin