Les adresses du type « Boulangerie Voltaire, Quartier Voltaire, Avenue Voltaire, 01210 Ferney-Voltaire », c’est fini. Un peu d’imagination, que diantre! La mairie publie un vade-mecum à l’intention des commerçants et des promoteurs, histoire de leur suggérer d’autres appellations, tout aussi voltairiennes mais plus diversifiées. Petit florilège :
Astérie, Baron d’Otrante, Cosi-Sancta, Dom Pèdre, Ériphyle, Héraclius, Sésostris, Sophonisbe, Tanis et Zélide, Zulime, Durey de Morsan, La Harpe, Père Adam, Pigalle…
A l’heure où d’aucuns étudient depuis trois mois la disparition de la médiathèque au sein d’une Maison des Cultures regroupant en centre ville les cinémas, un auditorium, des salles d’exposition et un Café des Arts, on mesure effectivement les vrais enjeux pour Ferney-Voltaire !
Merci pour cet éclairage.
Onomastique: Du grec ancien ὀνομαστικός, onomastikos (« propre à donner un nom »). Qui a rapport aux noms propres.
Alex Décotte, traducteur officiel du professeur Paillard
Comme l’indique le titre du document de travail dont tu donnes des extraits, c’était un « avant-projet » du milieu de semaine qui n’a pas été validé pour le moment et qui ne devait pas circuler… Il n’a donc rien d’officiel. En ce qui concerne Pigalle, j’ai exprimé les plus vives réserves quant à son nom, qui évoque, hélas, d’autres sujets que les beaux-arts. Mais il est venu à Ferney, il a réalisé un buste de Voltaire, c’est un artiste de premier plan et il a inspiré un célèbre article des Questions sur l’Encyclopédie. Paris en a décidé autrement. Pigalle est hors-jeu…
Mais, honnêtement, Alex, ton article a raison de mettre en exergue notre toponymie répétitive ad nauseam. Un « Carré Voltaire », avenue Voltaire, à Ferney-Voltaire, qu’en penser ?
Les années 1970 avaient plus d’imagination. Un « Centre d’Aumard », une « Fontaine Alzire », une « Mérope », un « Tancrède », ça a quand même plus de gueule, onomastiquement parlant, qu’un « Voltaire » répété ad libitum. Mais bon, nous sommes une toute petite ville et Paris comporte un « quai Voltaire », un interminable « boulevard Voltaire » et un « Lycée Voltaire ». Ferney n’est donc pas la seule coupable de cette névrose de répétition. Je t’invite à visiter le « boulevard Voltaire » de Paris, c’est assez drôle de constater les noms des boutiques, cafés, restaurants et agences…
Il reste qu’on doit cesser de donner dans le fétichisme (la voltairomanie, si tu me pardonnes cette tournure attestée, à rajouter à la distinction voltairien/voltairiste).
Nous sommes les héritiers de Voltaire. Son héritage doit être assumé et donc revisité.
Si tu me permets une nouvelle distinction, nous ne devons pas être dépendants du « XVIIIe siècle », période chronologiquement déterminée, mais nous inspirer de l’esprit du « siècle des Lumières », qui plonge ses racines dans l’Antiquité, dans l’humanisme, dans le Grand Siècle et qui produit ses fruits jusqu’à aujourd’hui dans l’esprit de liberté et de tolérance qui devrait toujours nous inspirer.
Bref, libérons-nous de Voltaire pour lui rester fidèles.
Les enjeux cruciaux pour notre ville ne sont cependant pas onomastiques. C’est anecdotique. Ils se trouvent dans les décisions du Conseil Fédéral que tu signalais si justement hier. Des quotas et des durs quotas ! La coopération transfrontalière est au point mort. Le Grand Genève, qu’est-ce au juste aujourd’hui ?
Bonne Fête de la musique, que ce soit au Temple, au Parc de l’abbé Boisson ou en grand’rue.
Christophe Paillard